Il faut beaucoup de patience et de persévérance

CHAM – Il a suffi d’un bref moment de distraction pour que l’accident se produise: le genou n’a pas résisté et le ligament croisé s’est déchiré. Pirmin Reichmuth et son médecin traitant, le Dr Markus Keller, spécialiste en chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil locomoteur à la clinique de médecine du sport de Cham, racontent le long chemin vers le retour au sommet de la lutte.

Rupture du ligament croisé chez le lutteur d’élite Pirmin Reichmuth. Contrôle de la progression du traitement. © Remo Neuhaus / Bauerfeind AG

Introduction

Les blessures du genou font partie des blessures sportives les plus fréquentes. «Il n’existe pas d’études de grande envergure pour la lutte, car il s’agit d’un sport purement suisse, mais si l’on se réfère aux chiffres du judo, un sport comparable à la lutte, 40% des blessures concernent les membres inférieurs, dont la moitié sont des blessures au genou», indique le Dr Markus Keller. Le ligament croisé est souvent touché, avec ou sans atteinte des ligaments latéraux et des ménisques.

Traitement

Le traitement d’une rupture du ligament croisé avec ou sans atteinte des ligaments latéraux et des ménisques peut être conservateur ou chirurgical, en fonction de l’activité du/de la patient(e). Sur le plan chirurgical, les deux options suivantes sont entre autres disponibles:

• Remplacement par un tendon autologue (autogreffe)

• Remplacement par un tendon provenant d’un donneur (allogreffe = tendon de donneur décédé)

Pour le remplacement par un tendon autologue, il existe trois techniques chirurgicales courantes:

• Prélèvement du tendon du semi-tendineux avec ou sans tendon du gracile, qui est considéré comme la technique de référence

• Prélèvement partiel du tendon du quadriceps

• Prélèvement du tiers central du tendon rotulien, y compris blocs osseux d’ancrage

Evolution postopératoire

Deux semaines après l’opération, la jambe peut à nouveau être entièrement sollicitée en cas d’opération isolée du ligament croisé. La physiothérapie permet de normaliser la fonction articulaire au cours des six premières semaines, c’est-à-dire de rétablir la mobilité et la résistance à la charge. Vient ensuite une phase plus intensive, généralement plus longue, au cours de laquelle le genou peut à nouveau être sollicité davantage, avec des exercices de stabilité et de coordination ainsi qu’un renforcement musculaire.

Conclusion

Une rupture du ligament croisé, avec ou sans atteinte des ligaments latéraux et des ménisques, est une blessure de longue durée, qui exige beaucoup de patience de la part des patientes et patients.

Le Dr Markus Keller est spécialiste en chirurgie orthopédique et en traumatologie de l’appareil locomoteur et possède son propre cabinet (Sportmedizin Cham). Il est titulaire de la formation approfondie FMH en médecine du sport SSMS et médecin agréé à la Andreasklinik Cham Hirslanden.

Pirmin Reichmuth

Pirmin Reichmuth pratique la lutte suisse depuis 2004 et est un lutteur d’élite. Il s’est classé troisième à la Fête fédérale de lutte suisse 2019 à Zoug et, la même année, il a remporté, entre autres victoires, celle du Brünig Schwinget. Il mesure 1,98 m et pèse 130 kg.


J’ai quelques bandages dans mon cabinet, mais s’il faut quelque chose de plus spécifique, qui doit être réglé et expliqué, nous travaillons avec le commerce spécialisé en orthopédie. Nous avons fait de très bonnes expériences.
— Dr Markus Keller

Entretien avec le lutteur Pirmin Reichmuth et son médecin traitant, le Dr Markus Keller

Pirmin Reichmuth, comment votre blessure actuelle s’est-elle produite?

La blessure s’est produite à la fin de l’entraînement, il était déjà 21h45. Avec le recul, je peux dire que c’était évident que cela devait arriver. J’étais fatigué et tout l’entraînement s’était déjà mal passé. J’aurais sans doute mieux fait d’écouter davantage mon corps. J’ai pivoté à gauche, mon pied est resté coincé dans la sciure et j’ai senti mon genou gauche se tordre – j’avais déjà connu la même chose du côté droit. Un silence de mort régnait dans la salle de lutte.

Markus Keller, quel a été le diagnostic chez Pirmin Reichmuth?

Monsieur Reichmuth avait une combinaison de blessures assez rare, à savoir une déchirure du ligament croisé antérieur et du ménisque externe et une élongation du ligament externe.

En cas de rupture des ligaments croisés, quels sont en principe les arguments en faveur d’une opération et quels sont les arguments contre?

Chez les personnes qui pratiquent des sports dits de pivot, comme justement la lutte mais aussi le ski ou le football, il faudrait conseiller une opération afin d’obtenir la plus grande stabilité possible. Si Monsieur Reichmuth avait dit qu’il arrêtait la lutte, une approche conservatrice aurait pu être tentée.

La même question maintenant pour une approche conservatrice: qu’est-ce qui plaide pour, qu’est-ce qui plaide contre?

Le ligament croisé est légèrement incliné dans le genou et en raison de la gravité, il n’a aucune chance de se ressouder correctement. Il se peut toute fois que le ligament restant cicatrise avec le ligament croisé postérieur, ce qui apporte une certaine stabilité. Il est très difficile de prédire le succès d’un traitement conservateur.

Qu’est-ce qui a été opéré chez Monsieur Reichmuth?

Mon collègue, le Dr Urs Hefti, et moi-même avons opté pour la technique classique avec le tendon du semi-tendineux sous guidage arthroscopique chez Pirmin. Nous avons également retiré un petit spicule du ménisque externe. Le ligament externe a été traité de manière conservatrice avec un bandage.

Pirmin Reichmuth, vous êtes vous-même physiothérapeute et vous aviez déjà été victime de blessures au genou droit par le passé. Vous saviez donc ce qui vous attendait. Comment avez-vous géré cela mentalement?

Sur le moment, je me suis dit: «C’est fini, j’arrête, je n’ai plus envie». Parce que je savais pertinemment que j’allais à nouveau être absent pendant un an, avec des séances de physiothérapie tous les jours, des entraînements de remise en condition tous les jours et de nouveaux revers. J’ai alors parlé à mon père. Cela m’a remotivé. Mais au cours de la rééducation, ce n’était pas toujours facile, j’ai eu des phases où je devais vraiment me battre mentalement.

En quoi consistait l’entraînement de remise en condition?

Les trois premières semaines, j’ai fait de la physiothérapie moi-même à la maison. Deux semaines après l’opération, j’ai commencé l’entraînement de remise en condition, en faisant surtout travailler le haut du corps. Ensuite, je suis retourné chez mon physiothérapeute habituel. Après 5 à 6 mois, j’ai recommencé à faire de la musculation intensive.

Avez-vous subi des revers au cours de votre rétablissement?

J’ai longtemps ressenti des douleurs, mais maintenant ça va plutôt bien. C’est grâce à l’entraînement mental que j’ai repris et sans lequel je n’aurais pas pu m’en sortir. Le but de l’entraînement mental était d’accepter la douleur et de ne pas la mettre au premier plan, car je n’étais plus qu’un patient et j’étais dans une spirale où il n’y avait que la blessure et les douleurs.

Markus Keller, quel est le rôle des orthèses ou des bandages dans le traitement?

Les orthèses ont un effet stabilisateur mécanique direct. Elles se présentent sous la forme d’un cadre fixe en plastique, en métal ou en carbone et au niveau de la jambe, elles sont par exemple placées autour de l’articulation du genou et empêchent ainsi certains mouvements. Les ligaments et les tendons blessés ou opérés, mais aussi un ménisque suturé, peuvent ainsi être protégés pendant un certain temps, jusqu’à ce que la structure ait atteint une stabilité propre suffisante en raison de la guérison. En cas de lésions méniscales avec suture, il est nécessaire d’utiliser des orthèses permettant de régler le degré de flexion maximal, car le genou ne doit pas être fléchi à plus de 60° au début. Les bandages, quant à eux, fonctionnent par stimulation mécanique de la peau au niveau des mécanorécepteurs et des propriocepteurs. Il en résulte une tension des muscles, ce qui stabilise indirectement l’articulation. Ils sont également tissés de telle sorte qu’ils ont un effet décongestionnant similaire à celui d’un drainage lymphatique. Ainsi, les orthèses sont plutôt utilisées en cas de lésions structurelles pertinentes des ligaments ou après des opérations, tandis que les bandages sont plutôt utilisés en prévention secondaire après une blessure ou une opération, pour améliorer la stabilité ressentie et influencer la proprioception en cas de sensations d’instabilité. Chez les sportifs de haut niveau, la compression permet également de stimuler la circulation sanguine de manière ciblée. Par ailleurs, ces dispositifs confèrent un sentiment de sécurité supplémentaire aux patientes et patients plus âgés, mais encore actifs sur le plan sportif. En principe, les orthèses et les bandages contribuent à réduire plus rapidement les douleurs et à favoriser la guérison.

Qui fournit le dispositif médical au patient, l’adapte et vérifie qu’il est bien en place et que le patient sait s’en servir?

J’ai quelques bandages dans mon cabinet, mais s’il faut quelque chose de plus spécifique, qui doit être réglé et expliqué, nous travaillons avec le commerce spécialisé en orthopédie. Nous avons fait de très bonnes expériences.

Qu’est-ce qui est important pour vous dans une orthèse ou un bandage?

Le facteur le plus important est la satisfaction des patients, qui portent volontiers les produits recommandés, car les produits qui ne sont pas acceptés ne servent à rien. Il est essentiel que le bandage ou l’orthèse puisse être adapté et ajusté individuellement au patient. Par ailleurs, ils doivent être bien tolérés par la peau et ne pas créer de zones de pression. Les produits de Bauerfeind sont très bien acceptés par les patientes et patients, qui les utilisent volontiers. Les bandages sont de grande qualité et bien établis. Ils ont une longue tradition, sont constamment perfectionnés et sont d’un niveau très élevé en termes de fonctionnement, de qualité et de design.

Pirmin Reichmuth, quel dispositif orthopédique vous a-t-on prescrit et comment vous en êtes-vous sorti?

J’utilise la genouillère GenuTrain depuis 2014, car nous portons en fait toujours des genouillères pendant la lutte. Elle est très stable et ne glisse pas.

Markus Keller, quel est le bilan que vous tirez de ce traitement?

Une rupture du ligament croisé est une blessure de longue haleine. Je viens de lire des chiffres de la fédération autrichienne de ski, qui indiquent que les skieurs professionnels reprennent la compétition en moyenne 12 mois après leur blessure et retrouvent leur niveau d’avant la blessure au bout de deux ans – ce sont des périodes longues et il faut beaucoup de patience et de persévérance de la part des sportives et sportifs. Pour Pirmin Reichmuth, tout se déroule comme prévu, il n’y a rien qui puisse nous faire douter qu’il ne puisse pas revenir dans le sport de haut niveau.

Pirmin Reichmuth, dans quelle mesure avez-vous retrouvé votre force d’antan?

Dans la vie quotidienne et dans mon travail de physiothérapeute, je ne remarque plus rien. Mais pour la lutte, il faut beaucoup plus. Nous sommes en train de nous entraîner intensivement. Je vais manquer le début de la saison de lutte, mais j’espère vraiment que ça ira d’ici la Fête fédérale de lutte en août 2022. Et si ce n’est pas le cas, tant pis. Mais pour l’instant, ça va, et je peux dire que j’ai fait tout ce que je pouvais et que je me suis toujours donné à 100%.

Markus Keller, Pirmin Reichmuth, merci beaucoup pour cette discussion!

L’entrevue a été menée par la Dre méd. Nadja Pecinska.

 

Cet entretien a été réalisé avec l’aimable soutien de Bauerfeind AG

Bauerfeind AG, Vorderi Böde 5, 5452 Oberrohrdorf

Tél. 056 485 82 42, info@bauerfeind.ch

www.bauerfeind.ch

CONTRIBUTION COMMERCIALE Bauerfeind AG

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Une approche conservatrice est indiquée dans la plupart des cas